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«Cette campagne nous permet de renforcer l’image de la formation professionnelle»

La nouvelle campagne nationale de la formation professionnelle suisse a été lancée en août 2015. Pourquoi la formation professionnelle a-t-elle besoin d’une action de promotion? Quels messages veut-on faire passer? Et dernière question qui a aussi son importance: quel en est le coût? Josef Widmer, directeur suppléant du Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI), nous en dit plus.

Le Conseil fédéral a lancé une initiative visant à combattre la pénurie de personnel qualifié et le SEFRI une campagne de promotion en faveur de la formation professionnelle. Existe-t-il un lien entre ces deux actions?
Un lien direct non, mais ces deux actions sont reliées entre elles de par leur contenu. La Suisse a besoin de davantage de personnel qualifié. Et quand je dis personnel qualifié, ce ne sont pas seulement des universitaires, mais aussi des infirmiers, des informaticiennes, des artisans, etc. Et c’est à la formation professionnelle que nous devons tous ces professionnels qualifiés.

La pénurie de personnel qualifié est en fin de compte une conséquence de l’évolution démographique. Quelle incidence une campagne de promotion peut-elle avoir à ce niveau?
Nous ne pouvons certes rien faire contre les classes d’âge à faible natalité, mais nous pouvons contribuer à exploiter au mieux le potentiel existant en incitant un maximum de jeunes à acquérir une première qualification et à suivre ensuite une formation continue.

FORMATIONPROFESSIONNELLEPLUS.CH a pour mission de donner un coup de projecteur sur les atouts de la formation professionnelle et sur le rôle qu’elle joue dans la société et l’économie. Est-ce vraiment nécessaire? La formation professionnelle reçoit bien assez de louanges de toutes parts?
Notre système de formation professionnelle est un bijou unique en son genre. Un grand nombre de pays nous l’envient, mais ce n’est pas pour autant que tous les jeunes et leurs parents connaissent les avantages et les atouts de la formation professionnelle. Cette campagne, elle est avant tout pour eux.

Quels sont les atouts et les avantages de la formation professionnelle?
Premièrement, la formation professionnelle est axée sur les besoins du marché du travail. Les entreprises ne forment que les professionnels qui sont effectivement recherchés sur le marché du travail. C’est pour cette raison que le taux de chômage des jeunes est faible en Suisse. Deuxièmement, la formation professionnelle, qui associe théorie et pratique, valorise justement les aptitudes pratiques. Troisièmement, les jeunes sont prêts à intégrer le marché du travail à l’issue de leurs trois ou quatre années de formation. Ils sont en mesure de subvenir eux-mêmes à leurs besoins. Et quatrièment, la formation professionnelle offre des possibilité de développement qui sont aussi bonnes que celles proposées par les écoles de formation générale et les universités. Toutes les portes sont ouvertes à un jeune qui a suvi une formation professionnelle initiale. Il peut enchaîner sur une formation professionnelle supérieure, opter pour un cursus dans une haute école spécialisée ou même suivre des études universitaires.

Une telle campagne de promotion n’existe pas pour les gymnases et les universités. Est-ce qu’il y a une opposition contre la promotion unilatérale de la formation professionnelle?
Le gymnase n’a pas besoin d’une campagne de promotion, car les jeunes ont tendance en général à opter pour une école de formation générale. De plus, le taux actuel de 20 % de maturités gymnasiales est jugé satisfaisant sur le plan politique. Une augmentation de ce taux n’est par conséquent pas souhaitée. Si nous voulons atteindre l’excellence à tous les niveaux de formation, nous devons orienter les jeunes vers les formations qui correspondent à leurs aptitudes et à leurs centres d’intérêt. C’est en grande partie le cas aujourd’hui. Un taux de maturités gymnasiales plus élevé aurait pour contrecoup une baisse du niveau dans les gymnases. Ce n’est le souhait ni des gymnases ni des universités.

Combien d’argent la Confédération dépense-t-elle pour cette nouvelle campagne en faveur de la formation professionnelle?
Nous investissons près de 5,5 millions de francs pour la période allant de 2015 à 2019. A cela s’ajoutent les investissements des cantons et des organisations du monde du travail, qui  relaient notre campagne nationale dans leurs propres actions de communication.

Quelles sont les attentes de la Confédération concernant cet investissement? Et peut-on chiffrer le «retour sur investissement»?
Cette campagne nous permet de renforcer l’image de la formation professionnelle et de dérouler un tapis sur lequel les organisations du monde du travail peuvent bâtir la promotion de leur domaine professionnel respectif. Je suis convaincu que toutes ces actions ont un effet et qu’elles contribuent à ce que la formation professionnelle ne perde pas de terrain face aux formations académiques. Si un déséquilibre devait commencer à s’installer, il serait pratiquement impossible de faire machine arrière, avec tout ce que cela implique en termes de répercussions négatives. Il n’y a qu’à regarder l’exemple de l’Allemagne. Mais nous ne pouvons pas par contre mesurer la réussite de la campagne.

Le slogan de la campagne est «Apprends-deviens», par exemple «Apprends coiffeur, deviens biologiste» ou «Apprends employée de commerce, deviens responsable marketing». Est-ce que le public comprend ce que cela veut dire?
Je pense que oui, car ce slogan associé à des images parlantes nous permet de transmettre deux messages simples: «Une formation professionnelle initiale vous ouvre toutes les portes» et «Celui qui a les capacités qu’il faut doit et peut continuer à se former».

Quelles sont les réactions par rapport à la campagne?
Presque toujours positives. La campagne suscite un réel intérêt. Les organisations du monde du travail sont nombreuses à nous commander des affiches ou à nous demander comment elles peuvent intégrer la campagne dans leurs propres actions. Autant de réactions dont nous ne pouvons que nous féliciter.

 


Le degré tertiaire

La campagne

FORMATIONPROFESSIONNELLEPLUS.CH, la campagne nationale de la formation professionnelle suisse, a été lancée en 2007 par la Confédération, les cantons et les organisations du monde du travail. Elle vise à mettre en avant les atouts de la formation professionnelle ainsi que l’importance qu’elle revêt pour l’économie et la société. La campagne a fait peau neuve en août 2015.

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Josef Widmer (1958) est directeur suppléant du Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) depuis janvier 2013 et chef du domaine de direction Formation professionnelle et éducation générale. Auparavant, il a dirigé le service de la formation professionnelle et de la formation continue du canton de Lucerne.


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