Marché des places d’apprentissage

« La confiance dans la formation professionnelle se maintient à un niveau élevé. »

Crise du coronavirus et nombre croissant d’élèves au sortir de l’école obligatoire : la pression s’accroît-elle sur le marché des places d’apprentissage ? La question est posée à Rémy Hübschi, vice-directeur du Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI).

La Suisse vit sa plus grande crise économique depuis le choc pétrolier des années 1970. Pourtant, le nombre de contrats d’apprentissage signés en 2020 est plus élevé qu’en 2019. Êtes-vous surpris ?
Oui. En mars, nous n’aurions jamais pensé atteindre un tel résultat. Le marché des places d’apprentissage montre une fois de plus qu’il est capable de résister à la crise. Les entreprises savent que pour disposer demain d’un nombre suffisant de professionnels, elles doivent former aujourd’hui.

Un sondage publié par les EPF montre que 84 % des entreprises formatrices veulent offrir l’année prochaine le même nombre de places d’apprentissage qu’en 2020, si ce n’est plus. Y aura-t-il assez de places d’apprentissage en 2021 également ?
Ce sondage affiche des résultats réjouissants. Il a toutefois été réalisé avant la deuxième vague du coronavirus. Nous ne savons pas comment la situation va évoluer et nous devons maintenant veiller à ce que les étapes de choix d’une profession, de recherche d’une place d’apprentissage et de procédure de sélection ne soient pas paralysées par la pandémie. Il faut faire en sorte que les stages d’observation, les séances d’information et les entretiens d’embauche continuent à avoir lieu. Toutes ces démarches ne sauraient être menées entièrement en ligne.

Comment la Confédération et les cantons réagiront-ils si, à cause de la crise économique, le nombre d’entreprises formatrices qui ferment leurs portes ou qui suppriment des places d’apprentissage est plus élevé que prévu ?
Pour suivre l’évolution du marché des places d’apprentissage, le conseiller fédéral Guy Parmelin a mis en place ce printemps la Task Force « Perspectives Apprentissage 2020 », dans laquelle sont représentés la Confédération, les cantons et les entreprises. Si des problèmes se font jour, des instruments fiables seront mis en œuvre : mesures d’encouragement des places d’apprentissage, conseil et coaching pour les jeunes qui cherchent une place, soutien aux apprentis qui perdent leur place. Les cantons peuvent rapidement utiliser ou développer ces outils au besoin. La Confédération soutient des projets des partenaires de la formation professionnelle par le biais d’un programme de promotion.

L’évolution démographique renforcera ces prochaines années la charge qui pèse sur le marché des places d’apprentissage. Selon les prévisions, le nombre d’élèves qui terminent la scolarité obligatoire augmentera de 17 % dans le canton de Berne d’ici 2027. Le système pourra-t-il supporter cette hausse ?
Ces dernières années, des milliers de places d’apprentissage sont restées vacantes. Il y a donc une certaine marge. Je suis convaincu que grâce à cette marge et à la volonté des entreprises à former des apprentis, nous aurons suffisamment de places d’apprentissage disponibles à l’avenir également. Jusqu’à présent, le marché des places d’apprentissage s’est toujours adapté avec flexibilité aux fluctuations démographiques et conjoncturelles.

Quelles sont les possibilités dont dispose la Confédération et les cantons pour soutenir le marché des places d’apprentissage si nécessaire ?
Ils disposent avant tout des outils décrits plus haut. En outre, nous pouvons aussi soutenir les mesures des organisations professionnelles, notamment la mise en place de réseaux d’entreprises formatrices ou de nouveaux modèles de formation. L’idée n’est pas de déconstruire le système de formation professionnelle, mais les innovations nous aident à maintenir le cap.

Pour finir, un nombre suffisant de places d’apprentissage ne pourra être assuré que si les entreprises restent convaincues de l’utilité de la formation professionnelle. Est-ce le cas ?
Oui. C’est ce que montrent des sondages actuels sur la volonté des entreprises à former des apprentis, qui se maintient à un niveau élevé. La formation professionnelle représente un atout économique important par rapport aux autres pays…

Pourquoi ?
Parce qu’elle s’oriente sur le marché du travail. Elle fournit donc des qualifications professionnelles qui sont effectivement demandées. Nous développons sans cesse la formation professionnelle afin de la rendre encore plus intéressante pour les entreprises – et pour les jeunes. Nous investissons aussi dans la communication pour mettre en avant les nombreuses perspectives qu’elle offre.